Attention, ceci est un hoax !

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Oksana était une enfant prodige ayant des capacités intellectuelles hors du commun. A dix ans, elle lisait les mémoires de Troski, parlait déjà plusieurs langues, maitrisait l’algèbre, la géométrie, les sciences physiques et était imbattable aux échecs. Son point fort reste avant tout l’informatique qui n’a plus aucun secret pour elle. Aucun système ne peut à ce jour lui résister. Elle entre où elle veut, comme elle veut et manipule les données à sa guise. Extrêmement introvertie, la jeune femme qu’elle est devenue ne se confie jamais, ne montre rien, ne ressent rien. Elle est d’une froideur exemplaire si bien que l’on pourrait se demander si parfois des sentiments l’habitent. Elle ne se lie pas facilement, n’a pas vraiment d’amis, seule Nikita a toute sa confiance, confiance réciproque puisque les deux femmes se respectent profondément. Ce n’est pas une bavarde, loin de là. Elle a même tendance à limiter ses échanges verbaux au minimum syndical, allant à l’essentiel, excluant le superflu. Malgré cela, elle est d’une franchise sans faille, ne se souciant pas d’autrui lorsqu’elle a quelque chose à dire, quand bien même elle froisse les sensibilités.

Principale qualité : une intelligence hors normes
Principal défaut : une froideur déconcertante

Jeune femme menue et filiforme, elle n’est pas ce qu’on peut appeler une belle femme, surtout qu’elle ne fait rien pour se mettre en valeur. Elle pourrait être jolie si elle le voulait mais la mode, le paraitre, le superficiel, tout cela, elle s’en moque éperdument, préférant largement une tenue sportive confortable ou décontractée plutôt qu’une robe de soirée. Sa peau est blanche, lui donnant un teint de porcelaine qui semble la rendre fragile aux yeux de tous, ce qui est pourtant loin d’être le cas. Ses cheveux, sans réel relief, sont le plus souvent remontés en queue de cheval et elle ne porte aucun bijou ni maquillage. Pourquoi faire me direz vous ? Sa vie, elle la passe en tête à tête avec son pc qu’elle ne quitte quasiment jamais, ou presque.

Ce qu'il traîne toujours sur elle : Stas, son rat blanc

Oksana naquit en pleine guerre froide, fille d’un père ouvrier et d’une mère.. en fait non, il n’y avait pas de mère. Elle était la fille de Lev Berlinski, point barre ! Les premières années de sa vie se passèrent sans encombre, dans le sens où rien de notable ne fit d’elle autre chose qu’un bébé ordinaire. Élevée par une vieille voisine, elle passa la plupart de son temps loin de son père qui n’avait pas de temps pour elle. Dès qu’elle fut en âge d’aller à l’école, les instituteurs se rendirent compte qu’elle avait des capacités bien plus développées que celles des enfants de son âge. Lev ne comprenait pas ce qu’on lui expliquait, pensant que sa fille avait une tare. Le rustre qu’il était alors la dénigra totalement, la laissant au soin de la voisine pendant ses longues absences.. parce qu’il disparaissait pendant des semaines parfois, sans donner signe de vie, sans avertir. La voisine sous-entendait qu’il avait rallié une cause politique pour renverser le pouvoir mais revenait sur ses paroles si Oksana s’avançait à poser la moindre question. « Y’aura du soleil sur nos fronts et du bonheur plein nos maisons » qu’ils disaient ! Une nouvelle ère révolutionnaire.. Pourtant, les temps étaient durs et ils ne mangeaient pas toujours à leur faim. Mais elle ne se plaignait jamais. Peu loquace, elle ne s’exprimait pas vraiment en fait, ne dévoilant ni sa peur, ni sa douleur, elle restait toujours impassible devant chaque situation, comme si rien ne pouvait l’affecter. Elle ne parlait jamais de sa mère, ne posait aucune question. Pour elle, il était visiblement normal de n’avoir qu’un père. Et quel père ! Il faut dire que Lev ne la ménageait guère, l’obligeant dès son plus jeune âge à effectuer les taches ménagères et lui préparer ses repas. Le 25 décembre 1991, Gorbatchev démissionna de son poste de président de l'URSS. Ce jour là restera surement gravé dans la mémoire d’Oksana car son père, après l’annonce de la nouvelle au poste de télévision, cria d’euphorie, se mettant alors à danser sur la table avant de s’avaler une bouteille de vodka. Eltsine au pouvoir, les choses allaient changer disait-il. Oksana était trop jeune pour comprendre les subtilités de la politique mais elle avait pigé que son père s’était fait embrigadé dans la clique du nouveau président.

Les temps suivants furent différents, effectivement. Ils déménagèrent pour gagner un hôtel particulier qu’ils partageaient avec d’autres hommes. Son père ne travaillait plus. C’était l’époque où Eltsine lança la privatisation sauvage des biens nationaux. Un dénommé Mikhail Khodorkovski leur rendait souvent visite et pas mal d’armes étaient stockés dans les lieux. L’argent coulait à flot, plus question de manquer de rien. Oksana était pourtant livrée à elle-même, dans ce monde d’hommes qui ne se préoccupait pas de cette gamine de dix ans. Elle n’allait pas tous les jours à l’école, ne sortait que pour le strict minimum. Elle passait son temps à lire, la demeure possédait une bibliothèque faramineuse, et à regarder la télé, entre les repas qu’elle devait préparer pour tous. Elle découvrit aussi les joies de l’informatique, la maison grouillait d’ordinateurs. Elle apprit toute seule à s’en servir, sans l’aide de personne et se débrouillait très bien. Pendant qu’elle vivait en arrière plan, Lev et sa bande organisaient trafics d’armes avec « l’Ouest », la mafia russe exilées aux États-Unis. En effet, la privatisation débridée ne profitait pas à l'économie russe. En 1995, la Russie vécut des années noires : inflation record, chômage exponentiel, fermeture des anciennes usines russes. Le secteur de la défense était totalement délaissé. Des bases militaires stratégiques fermèrent, les armes disparaissaient soudainement des entrepôts pour être vendues. La drogue ne tarda pas à se rajouter au tableau. Le nom de Petrov ressortait souvent des conversations et même si elle savait rester discrète, la gamine entendait tout ce qu’il se disait, se chuchotait. C’était devenu un jeu pour elle d’espionner les hommes à leur dépends et pour cela, elle savait se faire aussi discrète qu’une souris.

Les mois et les années passaient, le trafic proliférait alors que le pays s’enlisait, touché par la guerre Tchétchène. Oksana passait beaucoup de temps sur les ordinateurs, se créant des « jeux » qui l’amusaient beaucoup et qui l’occupaient surtout car elle s’ennuyait à mourir. Plus tard le monde appellera cela des « virus » mais pour elle, c’était juste histoire de s’amuser. Dans le monde virtuel, elle maitrisait tout, elle commandait tout. Elle s’était rendu compte qu’elle pouvait sans mal entrer dans des systèmes ultra protégés ce qui lui avait permis de paralyser durant toute une journée le trafic ferroviaire de Moscou. Quand elle vit le résultat de sa blague à la télévision, elle n’eut qu’une seule envie : recommencer ! Elle se lançait constamment de nouveaux défit à relever, toujours plus vicieux, toujours plus complexes. Son père ne tarda pas à se rendre compte de que ce sa fille faisait dans leur dos mais au lieu de la punir, comme elle s’y attendait, il trouva cela fort intéressant pour leurs affaires. Embrigadée dans leurs combines, elle devint très vite le cerveau virtuel de la bande, piégeant, hackant, détournant tous les systèmes possibles et inimaginables ce qui leur permis de faire fluctuer leur trafic à l’échelle planétaire.

Au fil du temps, la Russie commençait enfin à renouer avec la prospérité. Mais la domination des oligarques constituait toujours un frein au développement du pays. Le déclin du secteur stratégique, notamment des armés continuait. On vendait toujours aux américains des actifs militaires russes. Ces dernières transactions finirent pourtant par éclater sous l'hostilité de l'opinion populaire. Le 31 décembre 1999, Boris Eltsine abdiqua en un long discours diffusé sur les chaines de télévision. Il fit alors un mea culpa de sa gestion et s'effaça au profit de son successeur Vladimir Poutine, un ancien du KGB, totalement inconnu du monde politique de l’époque. L’annonce de cette nouvelle ne laissait présager rien de bon pour la suite de leurs affaires mais les trafics persévèrent pourtant encore quelques temps sans encombre. Oksana devenait alors une vraie jeune fille, son corps laissant peu à peu voir des formes féminines qui ne laissaient pas les plus jeunes de la bande indifférents. Misha, l’un d’entre eux lui faisait plus ou moins la cour, passant le plus clair de son temps en sa compagnie, mais ses intentions primordiales étaient nettement évidentes. Le coït fut bref, rapide et sans émotion, dans les toilettes de la demeure. Après cela, Misha ne lui porta plus aucun intérêt, comme si ce qu’il s’était passé n’avait jamais existé. Mikhail Khodorkovski fut arrêté en 2002 et le repère pris d’assaut par les forces de l’ordre. Lev et sa fille eurent juste le temps de fuir, se réfugiant dans les quartiers modestes, chez un complice. Les mois suivant, il s’avérait difficile de poursuivre leur activité, du moins sans avoir constamment à surveiller leurs arrières. Lev craignait pour sa fille qui ne manipulait pas les armes. Il ne pouvait plus la laisser seule, en arrière. Les trafics étaient de plus en plus difficiles à gérer, il fallait constamment qu’ils changent de planques et à deux, les choses étaient plus compliquées. Ce fut donc pour ces raisons qu’il décida d’envoyer sa fille en Amérique, la confiant aux soins de Nikita Petrovna en qui il avait une confiance aveugle.

A son arrivée dans la vallée, Oksana trouva de suite sa place. Installée au manoir, elle avait en charge la gestion financière de celui-ci. Elle gérait les fonds, blanchissait l’argent via de nombreux comptes offshore éparpillés dans le monde entier, préparait les salaires des différents personnels du manoir, toujours en liquide et petites coupures. Elle tenait une comptabilité minutieuse et précise sur les créditeurs, les achats, les clients. Chaque chose avait sa place et tout était clairement identifié. De ses journées, elle ne faisait quasiment rien. Une fois son travail de comptable fait et lorsque Nikita n’avait pas vraiment besoin de ses services, elle passait son temps sur son pc, cherchant de nouvelles proies à piéger, créant de nouveaux virus pour pourrir le monde. Elle avait, c’est vrai, cet esprit manipulateur et avoir ce pouvoir sur le monde était une satisfaction dont elle avait du mal à se défaire. Pour ne pas être trop seule, elle avait fait l’acquisition d’un rat blanc, qu’elle avait baptisé Stas. Il ne la quittait jamais, ne nichant sur sa nuque, caché par ses cheveux, ou se réfugiant dans son cou quand il voulait dormir. Elle ne lui parlait qu’en russe et s’adressait souvent à lui lors de ses réflexions, attendant de sa part des réponses muettes à ses questions techniques, à ses casses têtes informatiques qui n’étaient pas toujours facile à dénouer, mais son aide lui était précieuse. Quand elle n’était pas sur son pc, elle regardait la télé, dévorant toutes les séries qui passaient. Sa vie américaine lui avait ouvert des horizons nouveaux, notamment au niveau audiovisuel, car elle avait découvert Superman, Dr House et d’autres Dexter dont elle ne se laissait jamais. Avec le câble, elle avait aussi accès à tous les films récents et anciens et là aussi, un panel extraordinaire émerveillait son esprit à chaque séance. Son préféré restait tout de même Wargame, un vieux film certes, mais un rêve pour elle et elle espérait, au fond d’elle, vivre un jour ce genre d’aventure.

La vie au manoir était donc plutôt calme, hormis lorsque Nikita faisait appel à elle. Cela pouvait être à n’importe qu’elle heure du jour comme de la nuit et elle savait qu’il ne fallait pas faire attendre la reine dans ces cas là, se pliant de grâce à ses exigences. Nikita l’avait recueilli sans contrepartie, sans même lui poser la moindre question, il était normal qu’elle soit ce qu’elle attendait d’elle. Leur relation était basée sur la confiance, une confiance aussi infaillible que le Kremlin. Et puis cette présence féminine la rassurait, elle qui n’avait jamais vécu qu’au milieu d’hommes et pas forcément des plus délicats, vivre à présent au coté d’une femme lui faisait parfois oublier tout ce qu’elle avait vécu avant. Avec les autres habitants du manoir, elle n’avait qu’une relation superficielle, sans réelle profondeur, juste histoire de ne pas paraitre plus sauvage qu’elle ne l’était déjà. Elle n’avait pas vraiment d’amis, ni même d’ennemis, hormis peut être Vadim dont elle se méfiait beaucoup. Il lui rappelait trop ce qu’elle avait quitté et restait donc suffisamment distante de lui.

En 2009, il y eut ce tremblement de terre. L’événement en lui-même ne lui provoqua aucune émotion, hormis peut être la peur de perdre toutes les données informatiques. Mais elle n’était de celles à ne pas s’entourer de moult précautions et les diverses sauvegardes qu’elle effectuait quotidiennement permirent de sauver le manoir de la catastrophe. Depuis la vie avait repris et fidèle à elle-même, Oksana était pour le monde alentour celle que tous surnommait Oks, en référence surement aux très nombreux hoax qui circulaient sur la toile et dont elle en était l’auteur.